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mercredi 25 août 2010

LE TREMPLIN 2010 DU CONCOURS DE MUSIQUE DU CANADA  -  Un pas vers une carrière musicale internationale

La Scena Musicale, juillet 2010

Destiné aux jeunes interprètes à l’aube de leur carrière, le Tremplin 2010, volet « élite » du Concours de musique du Canada (CMC) a pris fin le 15 juin à Sherbrooke. La pianiste Tina Chong de Banff (Alberta) a remporté le Premier prix « Laframboise Gutkin ». Ce prix, d’une valeur de 8000$, s’accompagne d’une résidence de trois semaines au Centre Banff. Âgée de 25 ans, la lauréate étudie présentement à l’Université d’Indiana. Elle se produira comme soliste lors du concert gala le 5 juillet à Edmonton. Tina Chong a reçu de plus une maquette d’audition produite et réalisée dans les studios de Radio-Canada qui en diffusera des extraits sur les ondes d’Espace musique. « Ce n’était pas mon premier concours de cette envergure, mais c’était certainement le plus exigeant » a mentionné la jeune artiste à l’issue du concours au journaliste Steve Bergeron de La Tribune de Sherbrooke.

Le Tremplin : un volet de haut niveau du Concours de musique du Canada
Organisé parallèlement au CMC tout en dépendant de la même direction, le Tremplin a été mis en place en 1971. Avec la croissance que connaissait alors le Concours, les dirigeants décidèrent de procéder au réexamen des règlements généraux et du programme musical afin d’élever les standards de performance. Pour réviser les critères d’admission, ils obtinrent l’appui de précieux collaborateurs, dont la pianiste Yvonne Hubert, le directeur musical Wilfrid Pelletier et le compositeur Jean Vallerand. C’est à ce moment que le comité organisateur mit sur pied une section particulière destinée aux jeunes interprètes désireux de se mesurer aux exigences des concours internationaux de musique. Cette section appelée « Tremplin international » est maintenant reconnue comme une référence majeure sur l’échiquier des concours de musique au Canada.

      Le Tremplin offre à une cinquantaine de jeunes musiciens, de 16 à 28 ans (sauf pour le chant : 31 ans), l’occasion de participer à un concours national de haut niveau, dont les critères sont comparables à ceux des concours internationaux. Choisis par un comité de présélection, après audition à l’aveugle des enregistrements, ces musiciens se présentent à trois épreuves devant un jury de cinq juges : un premier récital de 45 minutes, un second d’une heure et un programme contenant un concerto complet. À la Première éliminatoire, 16 candidats seront retenus pour la demi-finale, puis 6 pour la finale. Véritable rampe de lancement, ce volet du CMC a permis d’acquérir des expériences de la scène à de jeunes artistes qui marqueront ensuite la scène internationale de leur personnalité. Le CMC a vu défiler depuis sa fondation des milliers de musiciens. Parmi eux figurent des noms prestigieux, dont les Marc-André Hamelin, Louis Lortie, Chantal Juillet et Martin Beaver.

      Les lauréats du Tremplin 2010 se partagent plus de 30 000$ en bourses et engagements. Le Deuxième prix « Shire Canada » (4000$) a été remis au pianiste Charles Richard-Hamelin de Montréal, qui a reçu également le Prix pour la meilleure interprétation d’une œuvre canadienne (1000$). Le Troisième prix « PolyExpert » (1000$) a été attribué au clarinettiste Dominic Desautels de Granby.

Le Concours de musique du Canada : un incontournable pour les jeunes musiciens canadiens
Fondé à Montréal en 1958 sous le vocable « Le Festival national de Musique » Le CMC a pour but de soutenir et d’encourager le jeune musicien au dépassement de soi et à cultiver chez lui la discipline et la ténacité. C’est au moment de la création du Tremplin que l’organisme a pris une dimension nationale avec l’ajout de l’Ontario, suivi des huit autres provinces les années suivantes. S’assurant d’atteindre ses objectifs, le CMC a mis sur pied trois volets différents : Le Tremplin, le Concours de musique du Canada lui-même et le Programme Junior.

      Le Concours de musique du Canada proprement dit se déroule en trois étapes sur une période de trois mois. La 52e édition a débuté à Sherbrooke le 1er avril avec la tenue de la première épreuve régionale. Jusqu’au 21 mai, 16 autres villes canadiennes ont accueilli cette première étape. Ont suivi ensuite les finales provinciales dans sept provinces. La finale nationale a lieu du 21 juin au 3 juillet à l’Alberta College Conservatory of Music à Edmonton. Le concert gala des lauréats, accompagnés de l’orchestre du Concours, sous la direction du maestro Alexei Kornienko, sera présenté le 5 juillet à l’Université de l’Alberta, aussi à Edmonton. Le Programme junior vise à faire découvrir le CMC aux jeunes musiciens de moins de 15 ans qui n’y ont jamais participé. Grâce à la flexibilité du programme, ils peuvent s’inscrire dès l’âge de 7 ans à la première épreuve et présenter le répertoire demandé pour leur instrument et leur catégorie d’âge.
     
Un concours avec une signature originale
Un des événements musicaux les plus importants au Canada, le CMC a pour particularité d’être ouvert à pratiquement tous les instruments de musique, ce qui ne simplifie certainement pas la tâche du jury. « Une fois que nous avons trouvé le meilleur pianiste, le meilleur violoniste, le meilleur chanteur, il faut choisir le meilleur pour toutes ces disciplines, ce qui est loin d’être facile » a déclaré Richard Turp, membre du jury, au journaliste Steve Bergeron. Subventionné au Québec en partie par le ministère de la Culture et des Communications, le CMC est constitué d’un réseau de bénévoles, de professeurs, de collaboratrices et de collaborateurs oeuvrant ensemble, à partir de leur région respective, au développement de l’excellence musicale de la jeunesse canadienne. Le même esprit qui stimulait les fondateurs est encore aujourd’hui bien vivant chez tous les bénévoles qui s’impliquent et y insufflent leur énergie.


Pour tout savoir sur le CMC, visitez le www.cmcnational.com
BENJAMIN BEILMAN :
Tous les rêves sont permis pour ce talentueux jeune violoniste

La Scena Musicale, juillet 2010

Dès sa première apparition en quart de finale, le prodige américain d’à peine 20 ans a montré qu’il possédait cette étincelle qui produit les grands artistes. En plus d’une solide technique, d’une musicalité et d’une maturité impressionnantes, il possède une incroyable assurance pour un jeune musicien. Ces qualités ne se sont pas démenties en finale, alors que le jury du Concours Musical International de Montréal (CMIM) reconnaissait le talent exceptionnel de ce violoniste en lui accordant le Premier Prix. L’assurance avec laquelle il a interprété le Concerto de Sibelius en finale donnait au public l’impression d’entendre un violoniste chevronné. Le public a salué par une ovation monstre celui que le critique Christophe Huss a appelé « l’ange musical de la compétition ».

      Le lendemain de la finale, encore sous l’émotion, Benjamin Beilman considère comme un honneur d’avoir été sur scène avec des finalistes de si haut niveau. Chaussé de petites lunettes noires accentuant son air sérieux, il dégage en entrevue cette même tranquille aisance qu’il a démontrée depuis le début du concours. Il se dit envahi de bonheur, d’autant plus qu’il a failli ne pas arriver à temps pour le concours. Un vol retardé au départ lui a fait rater sa correspondance pour Montréal. C’est grâce à un passager généreux qui lui a cédé sa place qu’il a pu finalement se rendre à destination. Un signe du destin? Les candidats étant logés dans des familles d’accueil, Benjamin a eu le privilège de se trouver dans un environnement calme avec une hôtesse dynamique et compréhensive qu’il appelle affectueusement sa « host mom ». Pour se détendre, il faisait de longues promenades avec le petit chien de la maison qui l’a pris en affection.
     
Un début de carrière fulgurant
Amateurs de musique sans être musiciens, les parents de Benjamin ont inscrit leurs deux enfants en musique afin d’ajouter un complément à leur formation générale. De deux ans l’aînée, Elizabeth a commencé l’étude du violon à 5 ans. Assistant aux leçons de sa soeur, Benjamin fredonnait ensuite ce qu’il avait entendu. Dès l’âge de 5 ans, il voulut l’imiter et fut à son tour initié au violon à l’école Suzuki d’Atlanta où il habitait. De 2002 à 2007, il étudia avec Almita et Roland Vamos au Music Institute de Chicago. Actuellement résident de Philadelphie, il poursuit ses études avec Ida Kavafian au Curtis Institute of Music où il est chef d’attaque des seconds violons du Curtis Symphony Orchestra. Benjamin Beilman a été lauréat de plusieurs concours aux États-Unis, dont deux en 2009 pour lesquelles il a obtenu le Premier Prix : Corpus Christi International Competition et Schmidbauer International Young Artist Competition. Malgré son jeune âge, il possède déjà une vaste expérience, autant comme soliste que comme chambriste. Il a été soliste invité de plusieurs orchestres, dont le Philadelphia Orchestra. Il se produit au festival de Marlboro depuis l’âge de 17 ans.

Un premier grand concours
Malgré une feuille de route impressionnante, le Concours Musical International de Montréal (CIMM) est le premier grand concours international pour Benjamin Beilman. L’aplomb qu’il affiche sur scène n’a pas toujours été si évident. Il a appris de son professeur à ne pas lutter contre le stress, mais à le laisser venir et à le transformer en énergie pour l’aider à se propulser. Se préparer mentalement et physiquement à trois épreuves musicales différentes était pour lui une nouvelle expérience. Avant une épreuve, il aime écouter de la musique de chambre, particulièrement Brahms, Dvorak et Schubert, interprétée par le Quatuor Guarneri, son quatuor favori. La profondeur de cet ensemble et son approche musicale le touchent au plus haut point. C’est ce son qu’il conserve à l’esprit avant d’entrer en scène. Un son qu’il continue de peaufiner avec son instrument dont il est spécialement fier. Du maître luthier napolitain Antonio Gagliano, le violon (1790?) est entre les mains de Benjamin grâce à un emprunt et au soutien financier de ses parents. Il a mis du temps avant de se faire l’oreille à la puissance et à la sonorité unique de ce violon. Deux ans plus tard, il commence seulement à tirer tout le potentiel de ce magnifique instrument. Il lui reconnaît un son riche, particulièrement dans le registre grave, mais il doit poursuivre sa démarche afin d’obtenir le timbre qu’il recherche dans l’aigu. Profondément attaché à son violon, il lui a donné le nom de Francesca, un « prénom féminin qui lui va bien », dit-il.

      Au sujet des œuvres interprétées, Benjamin Beilman porte une affection particulière à la sonate en sol majeur de Beethoven qu’il a jouée en demi-finale, une sonate qui passe d’une remarquable subtilité à une explosion d’émotions. Il considère l’œuvre canadienne imposée cette année, One for Solitude de Kelly-Marie-Murphy, comme une création imposante. Les violonistes Kremer, Grumiaux, Oïstrakh, Milstein et Ehnes sont ses préférés, de même que Augustin Hadelich, une étoile montante qui est aussi son ami.

Un avenir prometteur
Benjamin Beilman ne s’attendait pas à remporter cet important concours. Réfléchissant à son proche avenir, il remet maintenant en question ses projets pour l’automne, dont la compétition internationale de violon d’Indianapolis en septembre. S’engager si tôt dans un autre grand concours lui semble difficile. Il veut d’abord se donner un temps de réflexion et discuter avec son professeur avant de prendre une décision. Mais quelles que soient les avenues qui s’offrent à ce talentueux violoniste, elles devraient mener à une carrière internationale florissante. On se réjouit que Montréal ait participé à la découverte de cet artiste prodigieux qu’on souhaite revoir souvent sur nos scènes.


Une nouveauté cette année: toutes les épreuves (quart de finale, demi-finale et finale) ont été diffusées en audio-vidéo sur Espace classique et sont disponibles pendant 1 an au  http://www.radio-canada.ca/Espace_Musique/cmim2010/

                                                                                                                       
                            
 





ALEX BENJAMIN
Dans les pas d’un géant : un héritage lourd à porter

La Scena Musicale, juin 2010

Pur produit de l’éducation musicale du grand pédagogue qu’était le père Lindsay, Alex Benjamin a passé son enfance à baigner dans l’atmosphère du camp musical de Saint-Côme et du Festival d’été de Lanaudière. Il n’est pas surprenant qu’un concours de circonstances l’ait amené à occuper le poste d’adjoint au Père du Festival, au moment de la démission de Louise Forand-Samson en 2000. En novembre dernier, le conseil d’administration du Festival de Lanaudière annonçait officiellement sa nomination à titre de directeur artistique du Festival.

Du piano à la direction artistique
Alex Benjamin possède une solide formation musicale. Après un baccalauréat en piano de l’Université Laval, sous la direction de Robert Weisz et une maîtrise en interprétation de la State University de New York à Stony Brook avec Martin Canin, il a effectué des études de doctorat sous la direction de Gilbert Kalish. Au concours pour le Prix d’Europe, il a reçu le prix John Newmark en 1990 et 1991.

      À son arrivée au Festival en 1999, il a d’abord travaillé comme recherchiste-musicologue, rédigeant des notes de programmes, tout en occupant ses temps libres au transport d’artistes, ce qui lui permettait de faire des rencontres passionnantes. L’organisation du travail avec le Père Lindsay était vraiment une étroite collaboration, un échange d’idées, de goûts et d’intérêts communs. Alex s’occupait déjà des négociations avec les agents et travaillait en plus avec les chefs pour bâtir le répertoire. Le pouvoir décisionnel est venu graduellement et, en 2007, le Père Lindsay lui confiait l’entière responsabilité de la programmation des concerts et des choix artistiques. Si la transition n’a pas été trop grande avec la disparition du fondateur, c’est parce que les bases étaient déjà tellement solides. L’équipe du Festival a beaucoup travaillé pour développer un contexte propice à une découverte particulière de la musique. On y ressent une émotion palpable, grâce à la merveilleuse sonorité de l’amphithéâtre.
     
L’orientation du Festival
Alex Benjamin voue un amour indéfectible à cette région. Il adore les promenades en campagne entre les différentes églises pour assister à des concerts et il ne connaît pas de lieux plus extraordinaires pour écouter et découvrir la musique que l’amphithéâtre. Toute son ambition est maintenant centrée sur le Festival et il n’a plus de temps pour maintenir son niveau en piano. Ses goûts musicaux sont très diversifiés. Il avoue un grand intérêt pour le quatuor. Mais il hésite quand on lui demande ses compositeurs favoris. Très curieux, il aime faire des découvertes et varier les styles et les atmosphères. En dehors du Festival, il fait de la photo, se consacre à sa vie de famille et enseigne le piano à sa petite fille de six ans. 
      Pour le nouveau directeur artistique, une empreinte claire est l’orientation qu’il veut continuer à donner au Festival. Le choix est incontournable cette année, alors qu’on fête Chopin et Schumann. Mais il peut être coiffé d’un thème ou inclure un projet bâti autour d’un artiste. Alex aimerait aussi faire plus de chant choral dans les églises, par exemple un cycle Monteverdi. Mais ce qui compte avant tout, c’est qu’il maintienne une ambiance festive, faite d’une série d’événements qu’on ne retrouve habituellement pas durant l’année. Loin de se reposer sur ses lauriers, il veut continuer à être ambitieux. Son objectif idéal est d’obtenir la participation de très grands orchestres de l’étranger, tout en gardant une place privilégiée pour nos ensembles. « Ça dynamise le milieu et l’environnement musical quand on entend différentes interprétations. Un festival est là pour ça. » L’Orchestre symphonique de Pittsburgh et Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen ont répondu à son appel cette année, démontrant une reconnaissance du Festival comme lieu d’intérêts pour ces orchestres.  

Un défi et un rêve
Il n’est certes pas facile de marcher dans les pas d’un géant, d’une force de la nature comme le Père Lindsay. C’est un héritage lourd à porter, mais le grand visionnaire avait accordé toute sa confiance à ce jeune passionné et enthousiaste qu’il voyait comme son successeur. Si le Festival a perdu son créateur, il a trouvé un ardent défenseur dans ce directeur artistique qui veut continuer d’étonner le public, en rêvant de toujours faire grandir le Festival. Tout un défi ! Alex Benjamin fera tout en son pouvoir, avec l’aide de sa dynamique équipe, pour que survive l’âme du Père Lindsay et que grandisse le grand projet de sa vie.