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lundi 9 décembre 2013

LA CHAPELLE HISTORIQUE DU BON-PASTEUR
Du chant modeste des Soeurs du Bon-Pasteur aux voix puissantes des divas
La Scena Musicale, novembre 2013

Véritable incubateur de talents musicaux, la Chapelle historique du Bon-Pasteur célèbre cette année ses 25 ans d’existence. De nombreux artistes qui jouissent d'une réputation enviable sur la scène internationale ont fait leurs débuts dans cette ancienne chapelle convertie en un lieu de diffusion musicale. Marc-André Hamelin, Yannick Nézet-Séguin, Marie-Nicole Lemieux, Karina Gauvin, Wonny Song et Alexandre Da Costa, pour ne nommer que ceux-là, font partie des célébrités qui ont foulé les planches de la Chapelle.

Malgré des ressources monétaires stagnantes, le directeur artistique Guy Soucie a réussi à présenter des milliers de concerts gratuits de haute qualité et à encourager la carrière de nombreux artistes en émergence dans toutes les disciplines reliées à la musique.  Communément appelée la Maison de la musique, la Chapelle est l’une des salles de concert les plus prestigieuses de Montréal. Sa réputation s’étend bien au-delà de nos frontières. Pourtant, ce lieu mythique inauguré en 1988 a connu une heure bien sombre en 2008, alors que les autorités de la Ville de Montréal ont songé à mettre la clef sous la porte. Sous le choc, le milieu musical a alors sorti ses griffes. Il a démontré hors de tout doute que la Chapelle historique du Bon-Pasteur était devenue un lieu incontournable de diffusion musicale à Montréal.

La petite chapelle d'antan, maintenant un haut lieu culturel
Le bâtiment qui abrite la chapelle a été occupé durant 140 ans par les Sœurs de la Communauté de Notre-Dame du Bon-Pasteur d’Angers. Vendu à la Société d’Habitation du Québec en 1979, il a été classé monument historique à caractère religieux et cédé à la Ville de Montréal en 1984. Édifice à fonctions multiples, il correspond à la nature de son environnement urbain. Conservée dans son état originel, la diffusion culturelle comporte trois sections qui étaient réservées respectivement aux sœurs Madeleine (foyer), aux sœurs cloîtrées (salle d’exposition) et aux fidèles (salle de concert). La chapelle a mis du temps à trouver sa vocation actuelle. Plusieurs avenues avaient été évaluées. Finalement, le Service de la culture de la Ville de Montréal a choisi d'en faire un lieu de diffusion musicale et d'en confier la direction à Guy Soucie. 

Le 8 septembre 1988, la Chapelle historique du Bon-Pasteur ouvrait ses portes avec le pianiste Marc-André Hamelin, inaugurant du même coup le célèbre piano de concert Fazioli. Son acquisition a provoqué une tourmente déconcertante dans les médias de Montréal, de même que chez les conseillers municipaux de la Ville, dont certains trouvaient trop élevé son prix de 82  000$000$. Pour mettre fin à cette polémique, Guy Soucie a créé un banc d'essai réunissant, sur la scène de la Chapelle, trois pianos de concert des plus réputés. Il a ensuite invité 15 pianistes parmi les plus connus de Montréal. Chacun d'eux devait jouer quelques mesures de pièces faisant ressortir les qualités de chaque piano et faire connaître l'instrument de son choix. La grande majorité des pianistes a préféré le Fazioli qui a finalement été négocié à 62 000$, devenant ainsi moins cher que ses concurrents. Ce célèbre piano de concert, qui fut le premier à Montréal, vaut maintenant 200 000$ et fait l'orgueil de la Chapelle et le bonheur des pianistes qui s'y produisent.

Au piano Fazioli s'est ajouté le clavecin historique Jacob et Abraham Kirkman de 1772, un don provenant du Gordon Jeffrey Music Trust de London, Ontario. L'instrument a été acquis par l'entremise de la famille Ralph Aldrich qui avait apprécié la qualité des activités musicales de la Chapelle. Le clavecin a été présenté au public en novembre 2000 par Catherine Perrin et ses amis clavecinistes, afin de récolter des fonds pour sa remise en état par le facteur de clavecins Yves Beaupré.   

Artistes, compositeurs et créateurs : un bouillonnement d'idées
Formidable banc d’essai pour les jeunes musiciens en début de carrière, la Chapelle offre chaque année, dans sa petite salle de 150 places, plus de 150 activités musicales diverses, ainsi que des expositions ayant un lien avec la musique, dans l’espace attenant à la salle de concert. En 25 ans, elle a présenté plus de 15 000 prestations d'artistes, 5 000 concerts et autres interventions.
Près de 500 000 ont assisté à ses activités.

La Maison de la musique est beaucoup plus qu'un lieu de diffusion. Depuis 2002, elle accueille en résidence des compositeurs (Simon Bertrand, Nicolas Gilbert, Paul Frehner, Michel Frigon, Cléo Palascio-Quintin et Maxime McKingley) et des ensembles instrumentaux (le Trio Gagné-Richard, le Trio Contraste, le Trio de Montréal, le Trio Fibonacci, l'Ensemble Magellan, l'Ensemble Morpheus et l'Ensemble Transmission). Grâce à cette effervescence créée sur place, la Chapelle fourmille de projets. C'est le lieu de rencontre idéal pour la création d’événements musicaux, tels les Concerts imaginés, les Midi musique, les Répétitions publiques et, par-dessus tout, les concerts de création musicale de jeunes compositeurs.

La direction artistique a aussi créé des habitudes. Depuis plusieurs années, le Quatuor Molinari y tient ses Dialogues à la Chapelle précédant ses concerts de saison. Le Via Crucis avec Françoise Faucher et Jean Marchand est une tradition du Vendredi saint, tout comme les airs de Noël jazzés du pianiste James Gelfand chaque premier vendredi de décembre. La collaboration avec les consulats et les ambassades permet au public de la Chapelle de découvrir et d’entendre des musiciens de divers pays.

Le coup d’envol des activités du 25e anniversaire a été donné le 1er octobre par le pianiste Wonny Song, l’un des premiers à s’être produit à la Chapelle. « Il était alors si petit, commente Guy Soucie, qu'à grand'peine, ses pieds atteignaient les pédales du piano.» De grands noms lui succèderont tout au cours de l'année, tels Marc-André Hamelin et Alexandre Tharaud. La générosité des artistes a permis à Guy Soucie de concocter une programmation époustouflante pour célébrer ses 25 ans comme capitaine à la barre de la prestigieuse institution. Un fait saillant parmi tant d'autres, la pianiste Louise Bessette propose, en quatre concerts au cours de la saison, 25 oeuvres composées dans le cours des 25 dernières années par 25 compositeurs québécois.

La Fondation de la Chapelle historique soutient l’action du dynamique directeur qui l'a mise sur pied, pour continuer d’offrir à son public des concerts de qualité et un soutien aux artistes par des résidences, des bourses, des commandes d’œuvres, etc. Afin de doter la Fondation de moyens additionnels, un événement-bénéfice exceptionnel réunira le 1er décembre trois illustres artistes du Québec : la contralto Marie-Nicole Lemieux, la soprano Karina Gauvin, et le maestro Yannick Nézet-Séguin, cette fois au piano. Un livre-souvenir rédigé par Georges Nicholson doit être lancé prochainement.

Le temps de passer le flambeau
Figure de proue de la scène artistique, récipiendaire du Prix Opus comme  « directeur artistique de l’année 2010 », celui qui se surnomme avec une pointe d’humour « le bedeau de la Chapelle », s’apprête à tirer sa révérence. Mais ce ne sera pas sans éclat. Les artistes qu’il a soutenus contre vents et marées ont tenu à prouver leur reconnaissance à l’âme du lieu, le visionnaire infatigable qui a su reconnaître et encourager leurs talents.

En hommage aux 25 ans de dévouement de son directeur artistique, la Fondation de la Chapelle a créé deux Bourses d’excellence Guy-Soucie de 5000$, visant à soutenir le développement de carrière de jeunes musiciens de Montréal. Elles seront accordées annuellement et en alternance (piano et chant / cordes, vents et percussions) à des titulaires de diplômes en musique classique de l’une des quatre universités montréalaises ou du Conservatoire de musique de Montréal. Un jury composé du pianiste et chef d'orchestre Jean-Pascal Hamelin, du baryton Marc Boucher, et du critique musical Carol Bergeron, s’est penché sur les dossiers reçus en chant et piano. Les deux premières bourses ont été remises le 1er octobre à la soprano Andréanne Paquin et au pianiste Marek Krowicki.

La Maison de la musique survivra
Lors du lancement de la programmation le 1er octobre dernier, le chef de division du Service de la culture de la Ville de Montréal, Paul Langlois, a affirmé que la Ville a l’intention de maintenir la vocation actuelle de la Chapelle. La Maison de la musique continuera de servir de rampe de lancement aux jeunes musiciens, de soutenir les compositeurs et de maintenir sa collaboration avec les organismes, afin de demeurer à la hauteur de sa réputation, tout en conservant la variété de sa programmation pour satisfaire tous ses publics. Une déclaration rassurante pour le milieu !


lundi 5 novembre 2012


PHILIPPE SLY
Une nouvelle comète au firmament de la scène lyrique
La Scena Musicale - juillet-août 2012

 Voix superbe, allure de jeune premier et charisme étonnant : le baryton-basse Philippe Sly a rapidement séduit une bonne partie du public du Concours Musical International de Montréal (CMIM). Celui-ci était néanmoins loin de se douter que le jeune chanteur allait rafler presque tous les prix.
    
La dernière année avait déjà été des plus fastes pour l’artiste de 23 ans : lauréat 2011 des célèbres Auditions du Conseil national du Met de New York, Révélation classique de Radio-Canada 2011-2012, prix Jeune Soliste des Radios francophones publiques. Philippe Sly avait choisi pour le CMIM des œuvres de styles différents, chantées avec sobriété, espérant que sa personnalité transparaîtrait à travers son interprétation, n’hésitant pas à terminer sa prestation sur une page méditative de la Passion selon Saint-Mathieu de Bach.

Voix et expression corporelle – un intérêt qui n’a jamais faibli

     Ayant grandi à Ottawa, d’une mère originaire de La Tuque au Québec et d’un père de Gananoque en Ontario, le chanteur a toujours été intéressé par la combinaison de la voix et de l’expression corporelle. Dès la tendre enfance, il était déjà un showman. Vêtu d’un habit noir, d’un chapeau et de gants, il chantait et dansait en imitant son idole Michael Jackson, À l’âge de sept ans, il a pu étudier le théâtre, aussi bien que la musique, tout en s’initiant à l’opéra. C’est à McGill qu’il s’immergea complètement dans ce monde fabuleux. L’apprentissage du cinéma a aussi nourri son intérêt pour la scène. Chaque vendredi, les enfants de la famille Sly devaient écouter un film choisi par le père et le commenter. Il se rappelle aujourd’hui combien la voix de baryton d’Orson Welles et celle de Laurence Olivier dans Shakespeare ont meublé son imaginaire : « de la musique pour ses oreilles ».

L’évolution du chanteur et de l’acteur : une progression réfléchie

Philippe vient de compléter un baccalauréat en interprétation vocale. « Mon professeur en technique vocale à McGill, Sanford Sylvan, est unique. Son approche est différente avec chaque étudiant. Sans imposer sa technique, il aide le chanteur à découvrir sa personnalité et le son naturel de sa voix » À son arrivée, il y a quatre ans, son registre vocal alternait entre contre-ténor et basse. L’année suivante, on lui attribuait le rôle de Nick Shadow, le baryton dans The Rake’s Progress de Stravinski, répertoire excitant, mais particulièrement exigeant. Le critique Claude Gingras notait, au sujet du nouveau venu : « Un interprète se détache nettement de l'ensemble et vaut finalement tout le spectacle: Philippe Sly, en Nick Shadow portant tricorne et verres fumés et bougeant avec la rapidité d'un serpent. La voix de baryton et l'aisance en scène sont déjà celles d'un grand professionnel. Étonnant. » Il campa ensuite le rôle de Marcello dans La bohème, un grand défi pour lui.

Dès qu’il entre en scène, impossible de ne pas remarquer l’importance chez lui de l’expression corporelle qu’il a beaucoup observée au théâtre et au cinéma. « Toutes les expressions sont perceptibles au cinéma, ce qui n’est pas le cas au théâtre et à l’opéra, explique-t-il. Il faut beaucoup de concentration pour arriver à exprimer ce que l’on veut dans un simple haussement de sourcils. Il n’y a pas de trucs. Quoique l’on t’enseigne, il faut toujours passer du temps à faire une recherche personnelle.»

Malgré l’expérience acquise cette année avec l’ensemble lyrique du Canadian Opera Company à Toronto, Philippe préfère se montrer prudent côté répertoire. Il choisira donc d’abord Mozart, Haendel, Britten et Donizetti, plutôt que Verdi. Il rêve toutefois d’incarner un jour le personnage fuyant de Don Giovanni, en espérant en saisir le caractère, ainsi que celui eu Billy Budd.
D’ici là Philippe sera de la distribution de Das Labyrinth au Festival de Salzburg cet été et fera ses débuts à l’Opéra de San Francisco en juin 2013 dans Cosi Fan Tutte de Mozart, dans le rôle de Guglielmo. L’amorce d’une carrière qui s’annonce florissante !      


ENCADRÉ
Philippe Sly enregistrera son premier album en septembre avec le pianiste Michael McMahon pour la maison de disques Analekta. On pourra entendre le Dichterliebe, 4 poèmes du compositeur français Guy Ropartz, d’après le même Intermezzo lyrique de Heinle ayant inspiré Schumann. Don Quichotte à Dulcinée de Ravel et Three Tennyson Songs, écrites pour lui par son ami le compositeur anglais Jonathan Dove. Un deuxième CD des Cantates de Rameau avec la soprano Hélène Guilmette, le claveciniste Luc Beauséjour et un petit ensemble suivra la version donnée en concert le dimanche 30 septembre à la salle Bourgie.



mercredi 27 juin 2012



LA FEMME AUX SEMELLES DE VENT
Road opéra inspiré d’une expédition au Tibet

Passionnée de voyages, Alexandra David-Néel effectua en 1924, une expédition à la fois dangereuse et clandestine sur la terre du Tibet jusqu’à Lhassa, capitale interdite. Plusieurs fois refoulée, la « femme aux semelles de vent » s’était finalement déguisée en mendiante pour y entrer, en compagnie d’un jeune moine qu’elle a adopté par la suite. Elle fut la première femme occidentale à pénétrer dans la ville sainte. Ayant vécu plus de cent ans (1868-1969), elle fut tour à tour cantatrice, journaliste, féministe, bouddhiste, écrivaine et philosophe. C’est l’extraordinaire expédition de cette exploratrice déterminée que Chants Libres a choisi de raconter dans Alexandra, son 14e opéra, conçu et mis en scène par Pauline Vaillancourt, sur une musique originale de Zack Settel, d’après un livret inédit de Yan Muckle.

Le choix d’un personnage
« Créer une œuvre, c’est lui donner son souffle, offrir une voix à un personnage », a dit Pauline Vaillancourt. Elle l’avait déjà fait en 1997 avec Frida Khalo (Yo soy la desintegracion). « J’ai choisi cette fois-ci Alexandra David-Néel, un personnage étonnant. Elle a depuis longtemps suscité ma curiosité en accomplissant, au début du 20e siècle, des exploits qu’aucune femme n’avait réussis à cette époque. Seule femme dans un monde d’homme, elle devait diriger des expéditions dans des conditions extrêmement difficiles. Celles qu’elle a entreprises au Tibet montrent bien sa détermination à réaliser ses rêves. »
      Féministe, Alexandra David-Néel menait une vie libre. Chanteuse d’opéra, elle a fait des tournées dans le monde entier. Les voyages demeuraient sa grande passion. Au bruit des bravos, elle préférait l’écho des gongs tibétains. En 1911, elle quitte son mari pour s’envoler en Extrême-Orient et en Asie centrale, d’où elle lui écrira de nombreuses lettres, publiées après sa mort dans son Journal de voyage. Elle ne retrouvera sa famille qu’en 1925. La plus grande partie de sa vie a été consacrée à l’exploration et à l’étude des peuples d’Asie, de leurs philosophies et de leurs langues. Elle a pu ainsi traduire des manuscrits écrits en tibétain et en sanscrit. Elle a publié de nombreux livres, dont le dernier en 1964, cinq ans avant sa mort. Même si elle avait de la difficulté à se déplacer dans les dernières années, Alexandra David-Néel a fait renouveler son passeport à l’âge de 100 ans. « La persévérance dans l’effort est une qualité qui manque beaucoup à la nouvelle génération » remarque Pauline Vaillancourt.

L’importance du lien entre les créateurs
En 2010, Pauline Vaillancourt a passé sept semaines au Tibet, en compagnie du librettiste Yann Muckle. Au retour, elle a fait la conception du spectacle, pendant que Muckle commençait le livret. Le compositeur Zack Settel s’est joint à l’équipe peu après. À mesure que se développait le projet, la conception vidéographique a été confiée à Jean Décarie, connu également sous le pseudonyme de Neam Cathod. Véritable artiste multidisciplinaire, homme-orchestre de la vidéo, il devait élaborer une conception à partir des images tournées par Vaillancourt et Muckle. Pour situer l’action, il fallait imaginer un lieu qui suggère les hauteurs de l’Himalaya. L’œuvre de l’artiste Jocelyne Alloucherie explore de manière conceptuelle et poétique des notions relatives à l’image et au lieu. C’est elle qui signe la scénographie des glaciers sur lesquels seront projetées les images. Les personnages de la production se déplacent continuellement, ce qui justifie qu’on la qualifie de « road opéra ». C’est aussi un opéra de chambre, si on considère que huit chanteurs et six musiciens sont sur scène. Pauline Vaillancourt s’est réservé le rôle de l’exploratrice à 90 ans. Elle y raconte l’histoire de la fabuleuse expédition.
      À l’occasion des 20 ans de Chants Libres, Pauline Vaillancourt reconnaissait qu’il est de plus en plus difficile de convaincre les gens de prendre un risque pour assister à une nouvelle création contemporaine. Elle voudrait leur dire : « Soyez déstabilisés, venez voir! » Elle veut parler à l’imagination des gens, afin qu’ils reçoivent une charge d’émotions différentes de celles qu’ils reçoivent tous les jours. La collaboration entre tous les concepteurs est un élément essentiel pour que tout s’imbrique, afin que l’œuvre touche le public. Une grande latitude est laissée aux créateurs. Yann Muckle déclarait l’an dernier à LSM : « Pauline veut vraiment explorer, entrer dans un nouveau territoire. Elle respecte les univers de chacun et les unifie dans une même vision. »

Pour mieux connaître Alexandra David-Néel, Pauline Vaillancourt recommande les lettres adressées à son mari, de 1918 à 1940 : Journal de voyage (en deux volumes, Paris, Plon, 1976) et Voyage d’une Parisienne à Lhassa (Paris, Plon, 1975). Les nombreux manuscrits rapportés par  l’exploratrice  sont conservés au musée Guimet à Paris et à sa maison de Digne-Les-Bains en Provence, un centre culturel qui porte son nom. http://www.alexandra-david-neel.org/  


jeudi 2 juin 2011

PRIX D’EUROPE 2011
Une cure de rajeunissement pour le centenaire

Véritable joyau du patrimoine culturel au Québec, le prestigieux concours du Prix d’Europe célèbre cette année son centenaire. Wilfrid Pelletier, Jacques Hétu, Colette Boky et Chantal Juillet sont quelques-unes des personnalités renommées du domaine musical au Québec, qui ont remporté ce prix permettant de parfaire une formation musicale en Europe. Cette vénérable institution a fait peau neuve pour présenter un concours mieux adapté au 21e siècle et permettre aux lauréats d’avoir une plus grande ouverture sur le monde.                                                                                                                                             
UNE RESTRUCTURATION DE FOND EN COMBLE
Fondée en 1870 par décret de la Reine Victoria, l’Académie de musique du Québec se voulait une première tentative de normaliser la formation musicale dans la province de Québec. C’est donc à elle que le gouvernement confie en 1911 l’administration du Prix d’Europe. Le nombre de participants étant en progression, il devenait important que les règles établies par l’Académie soient revues et mieux adaptées à la situation actuelle. Il y a deux ans, la pianiste Lise Boucher, elle-même récipiendaire du Prix d’Europe en 1958, présidente de l’Académie et responsable du concours, a décidé de s’attaquer à la restructuration de l’institution. Pour la seconder dans cette tâche difficile, elle a fait appel à l’impresario Michel Buruiana, un passionné des arts et de la culture qui possède une vaste expérience des affaires et du domaine culturel, maintenant président du comité d’honneur et conseiller spécial au sein du conseil d’administration de l’Académie.                              

UNE ÉTAPE DE PLUS DANS LE DÉROULEMENT DU CONCOURS   
Il n’est pas facile pour un jury de comparer instrumentistes et chanteurs. La sélection préliminaire se fait à partir de l’audition d’un disque compact d’une durée de 25 à 30 minutes par un jury formé de trois membres. Par la suite, un récital de 50 à 55 minutes devant jury devient demi-finale du concours. À l’épreuve finale, ajoutée cette année pour la première fois, quatre finalistes doivent présenter un récital de 30 à 40 minutes, Durant ces deux épreuves devant public, 34 candidats seront entendus dans les disciplines suivantes : piano, violon, violoncelle, guitare, saxophone, clarinette, trombone, trompette, hautbois, percussion et chant.       
                                               
DES PRIX PLUS NOMBREUX  
Cette année, les lauréats se partageront près de 65 000 $, soit presque deux fois le montant de l’an dernier. Chaque finaliste recevra un prix de 5 000 $. Le récipiendaire du Prix d’Europe remportera 30 000 $ et le lauréat du Prix John Newmark 9 000 $. D’autres prix s’ajoutent : le Prix Hedwidge Buruiana (1 000 $), le Prix Monik Grenier (1 000 $) et le Prix de composition Fernand-Lindsay 2011. Cette bourse de 10 000 $ est offerte par la Fondation Père Lindsay aux deux ans. En plus, deux prix de journalisme musical seront créés, dont le Prix Frédéric-Pelletier, nommée en l’honneur de l’un des pionniers du journalisme musical. Ce prix sera accordé au journaliste qui aura retenu l’attention du jury par un article exceptionnel. L’an prochain, pour répondre à la grande demande dans les conservatoires et les universités, un prix sera attribué dans la nouvelle discipline de jazz classique.                                                                                                            
DE GRANDS PROJETS POUR REDORER LE BLASON DU PRIX
Pour que l’Académie de musique du Québec et le Prix d’Europe retrouvent le lustre et la renommée qu’ils méritent, il fallait de grands projets. Les idées foisonnent dans la tête des organisateurs qui souhaitent marquer avec éclat le centenaire de l’institution. Ils ont d’abord invité de grandes personnalités pour former un Comité d’honneur, des chefs de file dans des milieux variés, qui croient à l’importance du Prix. On y retrouve, entre autres, des grands noms du domaine des arts et d’autres provenant de professions libérales. On y compte aussi deux Grands Ambassadeurs : le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin et Pierre-Henri Deleau, une sommité dans le monde du cinéma.                                                                
            Une exposition de 70 photos de lauréats se tiendra à la Chapelle historique du Bon-Pasteur durant le concours. De plus, le clarinettiste et ondiste Jean Laurendeau publiera un livre documentaire au cours de l’année. Mais là ne s’arrête pas le rêve des organisateurs qui espèrent voir l’éclosion d’un Musée de la musique, un temple de la renommée qui suivra l’évolution de la musique au Québec. « Un voyage éducatif fabuleux pour la jeunesse! » déclare Michel Buruiana.                                                                                                                         
UN ATOUT IMPORTANT DANS LA VIE DES LAURÉATS
Récipiendaire du Prix d’Europe 1986, le pianiste Jean Saulnier a fait partie du jury de l’édition 2005. « Encore aujourd’hui, dit-il, le Prix d’Europe est porté par cet héritage prestigieux qui témoigne à travers le temps de l’importance de la musique chez nous tout en permettant aux jeunes de s’inscrire dans une continuité inspirante. Le Prix d’Europe m’a été très utile comme à tous les lauréats qui sont en début de carrière en me permettant d’avoir accès aux conseils des meilleurs professeurs. Les gestes que j’ai pu poser alors, grâce à ce soutien, déterminent aujourd’hui mes activités de professeur et d’interprète. » Violon-solo à l’OSM depuis 2008 et détenteur du prix en 1997, Olivier Thouin affirme : « C’est surtout le point de départ qui a servi a me faire connaître, pour que mon nom circule davantage. » Pour sa part, la soprano Marie-Danielle Parent remarque : « Ce prix m’a apporté la reconnaissance de mes pairs en tant que musicienne et artiste : j'ai remporté ce prix en 1980 contre tous les autres instrumentistes. Je crois bien être la seule chanteuse qui a remporté ce prix. » Effectivement, depuis cette date, aucun Prix d’Europe n’a été accordé en chant.
      La présidence d’honneur de la 100e édition a été confiée au claveciniste et organiste Kenneth Gilbert, lauréat du Prix d'Europe pour orgue en 1953. Les autres membres du jury sont : Jean-Marie Poupelinprofesseur de hautbois au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Yuriko Naganuma, violon solo de l'Octuor de France, Christophe Guiot, violoniste au Théâtre National de l’Opéra de Paris, Nicole Lorange, soprano, tête d’affiche au Metropolitan Opera pendant plusieurs saisons, Rachel Martel, pianiste répétitrice à la Faculté de musique de l’Université Laval et Gabriel Thibaudeau, compositeur et pianiste. Les compositeurs Denis Gougeon, John Rea et Ana Sokolovic seront les membres du jury dans la catégorie composition.  

      Les organisateurs ne ménagent pas leurs efforts afin d’assurer la pérennité d’un concours indispensable à l’élargissement des horizons pour les jeunes musiciens. Le Gala du centenaire aura lieu à la Salle Claude-Champagne le 12 juin. On promet une agréable soirée de musique avec, en deuxième partie, Marin Naturisca, Michel Donato et un groupe de jazz. Que la fête commence pour que continue de briller ce joyau de notre culture!

Du 5 au 10 juin à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, http://www.prixdeurope.ca/index.htm




            

lundi 21 février 2011

ÉLISE PARÉ-TOUSIGNANT
reçoit le Prix Opus Hommage 2011 

Pédagogue enthousiaste et gestionnaire dynamique, Élise Paré-Tousignant a contribué de façon importante à l’essor de la musique au sein de la société québécoise, en tant que professeure, administratrice, directrice artistique et citoyenne engagée au sein de plusieurs organismes musicaux. La vie l’a souvent placée au bon endroit au moment des grandes décisions, alors que tout restait à faire. Travailleuse infatigable, elle réussit à communiquer sa passion pour la musique à tous ceux qui la côtoient. Le Conseil québécois de la musique a choisi de rendre hommage cette année à cette pionnière du milieu musical en lui décernant le prix Opus Hommage 2011.              

L’enseignement de la musique : une question de choix
Élise Paré-Tousignant est née à Deschambault, une petite municipalité sur les rives du fleuve entre Québec et Montréal. Très tôt initiée à la musique par sa mère, organiste à l'église du village pendant plus de soixante ans, c’est du côté de la famille de son père que lui est venue la passion d’enseigner. Dès l’enfance, elle chantait déjà dans les chorales, assistait le professeur de musique et étudiait le piano. La carrière d’interprète, difficilement envisageable à cette époque, n’a jamais été une option pour la jeune pianiste qui a étudié à Québec, au Conservatoire et à l’Université Laval.
      Pionnière de l’enseignement de la musique au secondaire, elle participe à la formation des enseignants dans le cadre du nouveau baccalauréat en éducation musicale. Pendant sa carrière à l’Université Laval, elle enseigne la formation auditive tout en assumant diverses fonctions administratives, notamment celles de doyenne de la Faculté des arts et de vice-rectrice aux ressources humaines. Multipliant ses interventions dans les organismes musicaux, elle participe à plusieurs conseils d’administration. Lors de la création des cégeps en 1968, elle est de ceux qui participent à la création de l’option musique du cégep Ste-Foy, à la suite d’une entente avec l’Université Laval.

Les grands défis : le Domaine Forget et le Palais Montcalm
En 1993, elle accepte de joindre le Domaine Forget, à la demande de son directeur, Françoys Bernier, affecté par la maladie. À son décès, à peine deux semaines plus tard, Élise Paré-Tousignant assumera la direction artistique de l’institution. La première rencontre avec le conseil d’administration a lieu le lendemain des funérailles et le dépôt du rapport pour construire une salle de concert est à l’ordre du jour. Un défi majeur! Il faut poursuivre l’œuvre de Françoys Bernier se poursuive. La construction de cette nouvelle salle a été un facteur décisif pour la vie musicale dans la région. De cette aventure, Paré-Tousignant ne garde que de beaux souvenirs. « C’est un site magique sur le bord du fleuve, dit-elle. Il faut y vivre pour réaliser à quel point c’est un lieu extraordinaire pour faire de la musique. »
      En1997, au moment où se dessine la nouvelle vocation du Palais Montcalm, elle devient membre du conseil d’administration de la Société du Palais Montcalm. Un autre défi de taille est relevé, avec le résultat qu’on connaît : Charlevoix et Québec possèdent les deux meilleures salles de concerts du Québec.
      Le premier concert dans la nouvelle salle du Domaine Forget, avec le flûtiste Alain Marion et les Violons du Roy, sous la direction de Bernard Labadie, demeure un moment mémorable. Un événement émouvant qu’elle a eu la chance de revivre au Palais Montcalm, cette fois encore avec les Violons du Roy et la Chapelle de Québec. « C’est toujours un sentiment extraordinaire, quand la musique résonne pour la première fois dans une salle! »                                                                                                                 
Implication communautaire
De 2001 à 2005, elle est du Conseil québécois de la musique (CQM). « C’est une organisation extrêmement importante, un point d’ancrage pour les musiciens, quelle que soit leur forme d’expression musicale. » En 2003, à la demande de la ministre de la Culture et des Communications du Québec, un comité qu’elle préside fait la tournée d’évaluation des écoles de musique, des écoles de danse, des camps musicaux et des orchestres de jeunes au Québec. Une tournée qui a été fle préalable à la levée du moratoire sur le financement de ces institutions.
      Citoyenne engagée dans sa communauté depuis toujours, Élise Paré-Tousignant a communiqué sa passion de la musique à toute la population. Elle a le souci de la mise en valeur du patrimoine musical religieux, pour lequel elle a suscité un véritable engouement. Elle fait partie des membres fondateurs de l’École de musique Denys Arcand et du comité de direction artistique pour l’intégration des arts dans des lieux patrimoniaux.                     

L’importance de la musique dans notre quotidien
La carrière de Mme Paré-Tousignant a été jalonnée de distinctions. En 2006, elle est devenue Officier de l’Ordre national du Québec. Sa principale réalisation? « Il est difficile de choisir, dit-elle, chaque projet étant important, même s’il n’est pas spectaculaire. »                                                                  


lundi 17 janvier 2011

CINQ ORGANISTES AU SERVICE DE WIDOR
Entrevue avec Jacques Boucher

La Scena Musicale, octobre 2010

Dans les petits villages du Québec au XXe siècle, la musique d’orgue et le chant grégorien ont bercé l’enfance de la pluparT. Les municipalités étant dépourvues de structures culturelles, la vie musicale était concentrée dans les églises. « En fait », dit Jacques Boucher, titulaire de l’orgue Casavant de l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal depuis 1986, « l’espace symphonique du village, c’était l’église avec son orgue et son chant grégorien. C’était le lieu de culture, le lieu municipal où tu pouvais entendre de la musique ». Natif de Saint-Pascal de Kamouraska, il avait hâte au dimanche pour aller entendre le chant grégorien à l’église où son père a chanté la messe pendant 50 ans.

      En 1995, à l’occasion du 150e anniversaire de naissance de Charles-Marie Widor et du 115e anniversaire de fondation de Casavant Frères, facteur d’orgues de Saint-Hyacinthe, l’intégrale des dix symphonies pour orgue de Widor fut donnée par cinq organistes différents dans cinq villes du Québec. Cette activité a eu lieu grâce à Jacques Boucher qui a fondé en 1984, avec l’organiste Antoine Reboulot, l’association « Les grandes heures de l’orgue symphonique français ». Le CD "découverte" de ce mois-ci nous propose un mouvement de chaque symphonie interprété par ces organistes.

Un génie musical méconnu
Charles-Henri Widor est décédé en 1937 à l’âge de 93 ans. Nommé organiste à l’église Saint-Sulpice de Paris à l’âge de 26 ans, il y demeura durant 64 ans. Il fut aussi professeur au Conservatoire de Paris et compte parmi ses élèves de nombreux compositeurs de renom et la plupart des organistes influents de France. Compositeur prolifique, il est connu également comme chef d’orchestre, auteur et critique musical. Toutefois, malgré l’importance de sa production et les différents postes qu’il a occupés dans le milieu musical, son œuvre demeure peu connue, à l’exception de la célèbre Toccata, mouvement final de sa Cinquième Symphonie. Pourtant, l’ensemble grandiose de ses dix symphonies constitue, avec les œuvres de J.S. Bach, un des monuments du répertoire pour orgue. Il est le dernier survivant d’une époque révolue. « Dans la vision de Widor, note l’organiste Benjamin Waterhouse, la technique de l’orgue ne peut qu’être fondée sur l’étude des grands maîtres dont, bien sûr, Johann Sebastian Bach, et les habiletés de l’improvisateur ne doivent jamais faire oublier celles de l’interprète ».

La musique d’orgue à l’époque de Widor  
Il existait à l’époque de Widor ce qu’on appelait les « messes d’orgue ». La musique commençait avant l’entrée du célébrant et ne s’interrompait que le temps du sermon. Le public, les intellectuels et les artistes pouvaient aller entendre le « concert » du maître dans le salon de la tribune d’orgue. Avec ses nominations à Saint-Sulpice et au Conservatoire, Widor était devenu un des musiciens les plus en vue de la capitale. Il fit construire un salon privé derrière l’orgue où il recevait le gratin de la grande société. et même Albert Schweitzer, dit-on.

Le coffret de l’intégrale des dix symphonies
Les quatre premières symphonies pour orgue paraissent sous le numéro d’opus 13 en 1872. Les quatre symphonies suivantes de l’opus 42 sont publiées entre 1879 et 1887. Ce n’est que huit ans plus tard qu’apparaît la Symphonie « gothique », suivie de la Symphonie « romane » en 1900 qui marque un changement de direction. Ce sont les deux seules symphonies de Widor qui utilisent un motif grégorien. Le motif de la Neuvième Symphonie, dédiée à l’orgue de la Basilique Saint-Sernin à Toulouse (église gothique), est inspiré de la Messe de la Nativité, tandis que celui de la Dixième Symphonie, dédiée à l’orgue de l’église abbatiale Saint-Ouen de Rouen (église romane) provient de l’Haec dies, un chant grégorien festif de la Messe de Pâques.

      Cinq organistes interprètent les œuvres dans cinq villes de la province, ce qui constitue une sorte d’itinéraire, de Montréal aux portes de la Gaspésie : Jean-Guy Proulx à la cathédrale Saint-Germain de Rimouski, Gilles Rioux à la basilique Notre-Dame-du-Cap de Cap-de-la-Madeleine, Benjamin Waterhouse à la cathédrale de Saint-Hyacinthe, Jacquelin Rochette à l’église Saint-Roch de Québec et Jacques Boucher à l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal. La facture d’orgue a connu un renouveau dans les années 1960, avec un retour à un type d’instrument qui peut jouer de la musique plus ancienne. Tous les instruments sont de la maison Casavant qui possède une expérience riche de plus de 125 ans. Ils servent admirablement la musique de Widor.

L’avenir des orgues du Québec
Le cri d’alarme est lancé depuis un bon moment. L’un après l’autre, les orgues sont réduits au silence. Les angoisses suscitées par les discussions autour de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus laissent présager un avenir incertain pour ces bijoux du patrimoine. D’après Jacques Boucher, le cas le plus triste est celui de l’église de Lacolle qui a été convertie en restaurant. « Elle possédait le plus vieil orgue jouable de Casavant. On ne peut pas demander aux seuls paroissiens pratiquants de soutenir une église. Il faut qu’on la considère comme un héritage patrimonial et non pas comme patrimoine religieux. Le Ministère doit avoir des règles de conservation. Peut-on moralement dilapider un tel héritage ? »



mercredi 25 août 2010

LE TREMPLIN 2010 DU CONCOURS DE MUSIQUE DU CANADA  -  Un pas vers une carrière musicale internationale

La Scena Musicale, juillet 2010

Destiné aux jeunes interprètes à l’aube de leur carrière, le Tremplin 2010, volet « élite » du Concours de musique du Canada (CMC) a pris fin le 15 juin à Sherbrooke. La pianiste Tina Chong de Banff (Alberta) a remporté le Premier prix « Laframboise Gutkin ». Ce prix, d’une valeur de 8000$, s’accompagne d’une résidence de trois semaines au Centre Banff. Âgée de 25 ans, la lauréate étudie présentement à l’Université d’Indiana. Elle se produira comme soliste lors du concert gala le 5 juillet à Edmonton. Tina Chong a reçu de plus une maquette d’audition produite et réalisée dans les studios de Radio-Canada qui en diffusera des extraits sur les ondes d’Espace musique. « Ce n’était pas mon premier concours de cette envergure, mais c’était certainement le plus exigeant » a mentionné la jeune artiste à l’issue du concours au journaliste Steve Bergeron de La Tribune de Sherbrooke.

Le Tremplin : un volet de haut niveau du Concours de musique du Canada
Organisé parallèlement au CMC tout en dépendant de la même direction, le Tremplin a été mis en place en 1971. Avec la croissance que connaissait alors le Concours, les dirigeants décidèrent de procéder au réexamen des règlements généraux et du programme musical afin d’élever les standards de performance. Pour réviser les critères d’admission, ils obtinrent l’appui de précieux collaborateurs, dont la pianiste Yvonne Hubert, le directeur musical Wilfrid Pelletier et le compositeur Jean Vallerand. C’est à ce moment que le comité organisateur mit sur pied une section particulière destinée aux jeunes interprètes désireux de se mesurer aux exigences des concours internationaux de musique. Cette section appelée « Tremplin international » est maintenant reconnue comme une référence majeure sur l’échiquier des concours de musique au Canada.

      Le Tremplin offre à une cinquantaine de jeunes musiciens, de 16 à 28 ans (sauf pour le chant : 31 ans), l’occasion de participer à un concours national de haut niveau, dont les critères sont comparables à ceux des concours internationaux. Choisis par un comité de présélection, après audition à l’aveugle des enregistrements, ces musiciens se présentent à trois épreuves devant un jury de cinq juges : un premier récital de 45 minutes, un second d’une heure et un programme contenant un concerto complet. À la Première éliminatoire, 16 candidats seront retenus pour la demi-finale, puis 6 pour la finale. Véritable rampe de lancement, ce volet du CMC a permis d’acquérir des expériences de la scène à de jeunes artistes qui marqueront ensuite la scène internationale de leur personnalité. Le CMC a vu défiler depuis sa fondation des milliers de musiciens. Parmi eux figurent des noms prestigieux, dont les Marc-André Hamelin, Louis Lortie, Chantal Juillet et Martin Beaver.

      Les lauréats du Tremplin 2010 se partagent plus de 30 000$ en bourses et engagements. Le Deuxième prix « Shire Canada » (4000$) a été remis au pianiste Charles Richard-Hamelin de Montréal, qui a reçu également le Prix pour la meilleure interprétation d’une œuvre canadienne (1000$). Le Troisième prix « PolyExpert » (1000$) a été attribué au clarinettiste Dominic Desautels de Granby.

Le Concours de musique du Canada : un incontournable pour les jeunes musiciens canadiens
Fondé à Montréal en 1958 sous le vocable « Le Festival national de Musique » Le CMC a pour but de soutenir et d’encourager le jeune musicien au dépassement de soi et à cultiver chez lui la discipline et la ténacité. C’est au moment de la création du Tremplin que l’organisme a pris une dimension nationale avec l’ajout de l’Ontario, suivi des huit autres provinces les années suivantes. S’assurant d’atteindre ses objectifs, le CMC a mis sur pied trois volets différents : Le Tremplin, le Concours de musique du Canada lui-même et le Programme Junior.

      Le Concours de musique du Canada proprement dit se déroule en trois étapes sur une période de trois mois. La 52e édition a débuté à Sherbrooke le 1er avril avec la tenue de la première épreuve régionale. Jusqu’au 21 mai, 16 autres villes canadiennes ont accueilli cette première étape. Ont suivi ensuite les finales provinciales dans sept provinces. La finale nationale a lieu du 21 juin au 3 juillet à l’Alberta College Conservatory of Music à Edmonton. Le concert gala des lauréats, accompagnés de l’orchestre du Concours, sous la direction du maestro Alexei Kornienko, sera présenté le 5 juillet à l’Université de l’Alberta, aussi à Edmonton. Le Programme junior vise à faire découvrir le CMC aux jeunes musiciens de moins de 15 ans qui n’y ont jamais participé. Grâce à la flexibilité du programme, ils peuvent s’inscrire dès l’âge de 7 ans à la première épreuve et présenter le répertoire demandé pour leur instrument et leur catégorie d’âge.
     
Un concours avec une signature originale
Un des événements musicaux les plus importants au Canada, le CMC a pour particularité d’être ouvert à pratiquement tous les instruments de musique, ce qui ne simplifie certainement pas la tâche du jury. « Une fois que nous avons trouvé le meilleur pianiste, le meilleur violoniste, le meilleur chanteur, il faut choisir le meilleur pour toutes ces disciplines, ce qui est loin d’être facile » a déclaré Richard Turp, membre du jury, au journaliste Steve Bergeron. Subventionné au Québec en partie par le ministère de la Culture et des Communications, le CMC est constitué d’un réseau de bénévoles, de professeurs, de collaboratrices et de collaborateurs oeuvrant ensemble, à partir de leur région respective, au développement de l’excellence musicale de la jeunesse canadienne. Le même esprit qui stimulait les fondateurs est encore aujourd’hui bien vivant chez tous les bénévoles qui s’impliquent et y insufflent leur énergie.


Pour tout savoir sur le CMC, visitez le www.cmcnational.com