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vendredi 5 mars 2010

FRANÇOIS RACINE, METTEUR EN SCÈNE
Un créateur à l’imagination débordante

L’Opéra de Seattle l’a nommé en juillet 2009 « Artist of the Year » pour la direction artistique de la double production Le Château de Barbe-Bleue / Erwartung qui a contribué au succès de sa saison ;

Il avait participé à la création de cette œuvre de Robert Lepage à Toronto en 1993 et en a assumé la reprise à l’Opéra de Montréal en 2004 ;

Créateur infatigable, il a réalisé de nombreuses mises en scène d’opéra depuis le début des années 1980 et il s’apprête à monter La Tragédie de Carmen au Studio de l’Opéra McGill en mars prochain, avant de se rendre à Victoria diriger Cosi fan tutte, suivi de Didon et Énée en Suisse ;

Passionné de son métier de metteur en scène, il préfère avant tout la direction d’acteurs et trouve un grand plaisir dans l’écriture de spectacles pour les jeunes, comme Annabelle Canto qu’il a conçu pour les Jeunesses Musicales et dont il écrit présentement la suite.

Du théâtre à l’art lyrique
Metteur en scène au théâtre, c’est tout à fait par hasard que François Racine arrive à l’opéra au début des années 1980, alors qu’il accepte la mise en scène des Bavards à l’Opéra Comique du Québec. Il y a laissé sa marque d’artiste enthousiaste et visionnaire, rivalisant d’audace et d’imagination pour créer sans cesse des éléments de surprise, mélangeant les styles, en passant de la comédie bouffonne au drame avec un égal bonheur. 

Intéressé à l’art vocal, particulièrement au chant choral, il apprend vers 1988 que le Canadian Opera Company de Toronto fait des auditions à travers le Canada pour dénicher un apprenti metteur en scène. François Racine obtient le poste tout en continuant sa collaboration avec l’Opéra Comique. C’est par le biais de ce stage qu’il s’intéresse vraiment à la mise en scène d’opéra. Il travaille alors avec Robert Lepage pour Le Château de Barbe-Bleue de Bartok / Erwartung de Schoenberg. Après la création à Toronto en 1993, Racine en a plus d’une fois assumé la responsabilité. On lui a confié les reprises de ce doublé aux festivals d’Édimbourg, de Melbourne et de Hong Kong, ainsi que dans plusieurs villes du Canada, dont celle de l’Opéra de Montréal qui nous a livré là une des soirées les plus passionnantes de son histoire. Entre-temps, François Racine signe des mises en scènes d’opéra à Québec, Toronto, Vancouver, Victoria, Edmonton, Halifax, Montréal, Los Angeles, Hong Kong et Cincinnati. Sa collaboration avec Robert Lepage lui a ouvert les horizons du point de vue esthétique et lui a permis de mieux comprendre son processus de création et sa façon de travailler.

C’est dans le contexte de l’art lyrique qu’il a coopéré à maintes reprises avec Kent Nagano et l’Orchestre symphonique de Montréal, afin de mettre en place des versions concerts du répertoire de l’opéra. Il a fait de même avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain pour la mise en scène de La Clemenza di Tito au Centre d’arts d’Orford.  

La direction de chanteurs et l’écriture
C’est à titre d’auteur et de metteur en scène, suite à la demande du Harbourfront Festival de Toronto, que François Racine a conçu le spectacle « Tribute to Robert Lepage », présenté en octobre 2001 dans le cadre de leur festival World Leaders. Il a aussi remanié et adapté une dizaine de livrets d’opérette qui furent présentés dans la région de Montréal.

Racine est régulièrement invité à travailler avec de jeunes chanteurs, entre autres au Conservatoire de Musique de Montréal et à l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal. Pendant plusieurs saisons, il dirige les productions d’Opéra McGill, où il enseigne le jeu dramatique depuis 2008. Sa mise en scène de Louis Riel lui a valu le prix Opus « Meilleure production de l’année 2005 ». Présenté au Théâtre Maisonneuve avec l’Orchestre symphonique de McGill, dirigé par Alexis Hauser, le drame Louis Riel est une composition de Harry Somers, d’après un livret de Mavor Moor, écrit en collaboration avec Jacques Languirand. L’œuvre a été créée au O’Keefe Centre de Toronto en 1967, sous la direction de Victor Feldbrill, avec la basse Joseph Rouleau interprétant Monseigneur Taché. Cette représentation a été suivie de sept autres, dont deux durant l’Expo ’67 à Montréal.

Toujours passionné de théâtre, François Racine aime écrire, mettre en scène et produire des pièces sous forme d’opéra destinées au jeune public. Avoir directement la réaction du public lui procure un grand plaisir. Plusieurs de ses pièces ont été produites par les Jeunesses Musicales du Canada qui lui ont récemment commandé une suite à Annabelle Canto. Toujours en tournée dans le réseau, ce spectacle a aussi obtenu en 2005 un Prix Opus pour le « Meilleur spectacle Jeune Public ». La même année, on lui a décerné un troisième Prix Opus pour Bach to Tango, « Événement musical de l’année, région » (Centre d’Art d’Orford, Festival de Lanaudière). Une année prolifique!

La concrétisation de l’expérience et des rêves
En juillet 2009, tel que mentionné au début du texte, François Racine a été nommé « Artist of the Year » à l’Opéra de Seattle. Ce prix a été créé en 1991 afin d’honorer l’individu (chanteur, chef d’orchestre, metteur en scène ou scénographe) qui a fait la plus importante contribution au succès de la saison. Le directeur général Speight Jenkins reconnaît que la réussite de cette production a été rendue possible grâce à l’implication du metteur en scène et à son travail remarquable avec les trois chanteurs.

D’après Racine, la force et l’imaginaire des créateurs québécois ont permis de redéfinir diverses formes d’expression. L’opéra, jusqu’à très récemment, n’a pas profité de cet essor créatif. On fait maintenant du cirque sans animaux, du théâtre d’une façon différente. « Il suffit de se rappeler Vie et mort du roi Boîteux de Ronfard, un cycle totalisant 15 heures, une spectaculaire aventure créée en1981 avec trois fois rien, mais qui a pourtant marqué l’histoire du théâtre au Québec ». Racine aimerait ouvrir une porte dans ce sens pour l’opéra : produire des œuvres sous la forme d’opéra, avec des compositeurs d’ici et des moyens modestes; rendre l’opéra abordable, le synthétiser, surprendre le public.

Depuis de nombreuses années, François Racine, dont la grande force est la direction d’acteurs, prépare les chanteurs pour des auditions, des récitals ou des concerts, afin de les aider au point de vue de l’interprétation et du jeu scénique. Il croit que cet aspect du développement du chanteur est mal compris et mal enseigné dans la plupart des institutions. L’essence de l’opéra est le chanteur. La qualité et l’expressivité de la voix ne sont pas suffisantes si le jeu scénique est maladroit et non convaincant.

Soucieux du développement du chanteur comme comédien, François Racine travaille présentement à mettre sur pied un centre d’entraînement qui permettra au chanteur d’opéra de perfectionner son jeu scénique. Pour l’instant à l’état embryonnaire, L’Opéra Lab de Montréal vise à devenir une sorte de complément à ce qu’offrent les maisons d’enseignement de la musique. Bien que les choix esthétiques et pédagogiques soient déjà clairs pour lui, le metteur en scène est en réflexion sur les moyens à prendre pour concrétiser son projet.


Renée Banville

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