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dimanche 13 décembre 2009

JANINE LACHANCE
Une vie au service de la musique
La Scena Musicale, septembre 2008

        Après avoir remporté plusieurs prix comme pianiste soliste, Janine Lachance continue d’accumuler les distinctions. Décorée de l’Ordre du Canada en 2004, nommée membre honoraire du Prix d’Europe en 2007, elle a été intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique lors du 12e gala de l’Opéra de Montréal en décembre dernier. (1)

        Reconnue comme pianiste-répétitrice et accompagnatrice, elle a collaboré avec des artistes lyriques et des chefs d’orchestre de réputation internationale. Sa vaste connaissance du répertoire lyrique l’a conduite à devenir une pianiste coach recherchée. Celle qui a été la partenaire des Pierrette Alarie, Léopold Simoneau et Raoul Jobin a aussi été le professeur et le guide indispensable des Odette Beaupré, Sonia Racine et Charles Prévost, trois premiers prix aux Conservatoire de Musique de Québec et de Montréal. La Scena Musicale a voulu vous faire connaître cette artiste exceptionnelle.

LSM : Qu’a représenté pour vous le fait d’être récipiendaire en 2004 de l’Ordre du Canada, qui souligne les réalisations exceptionnelles dans divers domaines ?
JL : Une surprise et une belle récompense. Je soupçonne la musicologue Renée Maheu d’être en partie responsable de cet honneur. J’ai eu le plaisir de recevoir, par l’intermédiaire de l’ex violon solo de l’OSM Eugene Husaruk, un courriel de félicitations de Zubin Mehta et un autre de Charles Dutoit.

LSM : Depuis 2007, vous êtes membre honoraire du Prix d’Europe que vous avez remporté en 1952. C’est ce prix qui  vous a permis d’aller vous perfectionner à l’extérieur ?
JL : Effectivement. Je suis allée à Paris où j’ai étudié le piano avec Yvonne et Monique de la Bruchollerie et le chant avec le baryton Charles Panzera. J’ai travaillé ensuite à Milan avec Mario Basiola. C’est durant cette période que j’ai vraiment pris le goût du chant. Mais le plus important a été ma formation de base avec Hélène Landry-Labelle. Elle m’a donné une technique pianistique à vie, ce qui m’a permis de gagner le Prix du Conservatoire en 1950.

LSM : À votre retour d’Europe en 1955, comment s’est développée votre carrière à Québec ?
JL : J’ai eu la chance d’être invitée par Wilfrid Pelletier comme pianiste soliste avec l’Orchestre symphonique de Québec. Grâce à M. Pelletier qui était directeur du Conservatoire à ce moment-là, j’ai pu accompagner toutes les classes d’orchestre, de la contrebasse au piccolo. Dans la classe de Calvin Sieb, j’ai rencontré le violoniste Raymond Dessaints qui m’a donné le plus beau des cadeaux : ma fille Christine. J’ai eu aussi le plaisir de jouer dans le premier concert de trio présenté par les Jeunesses Musicales du Canada. On y jouait, en présence du compositeur, le premier trio de musique de chambre écrit pour nous par Clermont Pépin. Gilles Lefebvre nous a ensuite donné l’occasion de faire une série de concerts de trios avec les JMC.

LSM : Que retenez-vous de vos 32 années comme professeur au Conservatoire de Musique de Montréal ? 
JL : Être la répétitrice de la classe d’opéra français de Raoul Jobin m’a donné la chance de travailler avec les principaux chanteurs de l’époque : Colette Boky, Claude Corbeil, Bruno Laplante, Paul Trépanier, etc. J’ai été ensuite pianiste attitrée des classes de chant de Léopold Simoneau et Pierrette Alarie. J’ai étudié le répertoire italien avec Dick Marzollo qui était l’assistant de Toscanini et j’ai travaillé le répertoire allemand avec Otto Werner Müller. Pour voir comment se déroulaient les cours ailleurs, j’allais à New-York avec Marie Daveluy prendre des cours de chant avec les professeurs les plus en vogue. Je m’offrais pour accompagner l’élève précédent et celui d’après et j’enregistrais tout : c’était comme avoir quatre leçons !

LSM : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le travail de pianiste coach ?
JL : Il n’y a pas vraiment d’équivalent en français au travail que nous faisons avec les chanteurs. On le décrit en anglais comme musical and vocal coach pianist. Un bon coach a besoin « d’oreilles bioniques ». C’est un guide en culture musicale et en interprétation. Il doit savoir diriger la musique et être capable de jouer en même temps qu’il donne la réplique, tout en étant attentif à l’interprétation des chanteurs.

LSM : Durant ce travail avec les chanteurs, y a-t-il des moments qui vous ont marqués ?
JL : D’avoir travaillé avec les chefs d’orchestre Zubin Mehta, Jean Deslauriers et Jean-Marie Beaudet m’a apporté énormément. À la demande de M. Mehta, j’ai adoré travailler le rôle de Violetta avec Teresa Stratas. Aussi, lors de la première venue à Québec de Cecilia Bartoli, j’assistais le chef Simon Stratfield en jouant la réduction d’orchestre d’un air de Rossini, À la fin de la répétition, Cecilia m’a demandé de travailler encore une heure seule avec elle, ce qui fut pour moi un grand plaisir.

LSM : Que conseillez-vous aux chanteurs pour réussir dans cette carrière et quelles qualités doivent-ils posséder ?
JL : D’abord une belle voix dont ils doivent prendre grand soin. Ensuite une interprétation juste, selon le personnage qu’ils jouent. La technique doit être le plus proche possible de la nature, afin que la voix soit expressive et sans affectation. Ils doivent porter une grande attention au texte et connaître avec précision la partition musicale. Mais les chanteurs n’ont pas tous les mêmes qualités. Par exemple, si je compare les trois ténors, je reconnais la technique impeccable de Pavarotti, la grande musicalité de Domingo, mais c’est la sensibilité de Carreras qui me touche le plus.

Avec l’expérience acquise en collaboration avec des artistes lyriques et des chefs d’orchestre de réputation internationale, Janine Lachance continue d’inspirer et d’encourager de jeunes talents. La journaliste Renaude Lapointe, critique musicale pour Le Soleil de Québec écrivait après un concert de Janine Lachance en 1950 : « La musique trouve en elle une prêtresse ardente qui nous communique son feu ». C’est cette ardeur que Janine Lachance exprime depuis plus de 40 ans à ses élèves et à son public. 

(1): Texte de présentation par Michel Beaulac, La Scena Musicale, février 2008, p. 28, Janine Lachance intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique.

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